Hé m'siou ! hé m'siou ! tu viens ?
euuuhh ! Oui ! J'suis là, je viens !
d'un pas vraiment mais vraiment pas pressé je m'approchais de l'inconnu pour deviner qu'il s'agissait d'un chauffeur de véhicule d'un temps révolu à bord duquel il m'attendait..
un taxi peint à la taloche de plusieurs couches de peinture semblant fondre sous le soleil.. je précise, 55 degrés à l'ombre.. une fois assis à l'intérieur enfin, debout, je me demandais si là-bas en france on avait déjà vu de pareilles choses.. pas dans mon quartier en tous les cas.. j'éclatais de rire, insouciant de savoir où j'allais, sans direction précise et peu importe qui me conduisais.. heureux, dans un pays en guerre, inconcevable je sais.
A bord de la machine, se trouvaient des peaux d'animaux, des dents de requins se balancant sur un miroir, l'unique miroir d'ailleurs.. une odeur de cadavre en décomposition à l'intérieur.. ma tête heurtait le pavillon à chaque fois qu'il évitait un quelconque animal.. d'énormes trous obligeaient ce pilote d'une ère inconnue, à prendre d'autres directions sous peine d'y crever, lui, moi, et sa.. machine.
Mon chauffeur, lèvres retroussées au vent, chicots en avant, heureux comme un pape, chantait en tapant dans ses mains.. pas de vitres, pas de poignées, des portes claquantes à chaque fois que l'engin voulait décoller de terre, partir ailleurs qu'ici.. un volant, une caisse, un moteur.. de marque inconnue.. heu, si ! j'avais aperçu un sigle d'une firme automobiles plaquée sur une tôle en décomposition replaquée elle-même sur une couche de trois ou quatre tôles soudées je sais pas comment.. ce signe qui me rappelait mon pays la france.. je me dis qu'au fond on était pas si mauvais que ca.